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ça, bien entendu, ce sont des légendes.

7°) La soeur de Charlemagne et la source miraculeuse

Quittons un peu les récits bibliques des articles précédents et furetons un peu dans les récits légendaires qui ont façonné notre histoire.

Remémorons-nous un passage de notre histoire de France qui est plutôt un passage de l’histoire des Francs. Notons que la châsse contenant les restes de Charlemagne ne se trouve  pas en  France mais à Aachen (Aix-la chapelle) en Allemagne.

Pépin le Bref et Bertrade de Laon (dite Berthe aux grands pieds) engendrèrent 7 enfants dont Charlemagne, Carloman 1er, Pépin, Berthe, Rothaïde, Adélaïde, mais aussi Gisèle. Morte et enterrée à l’abbaye Royale de Chelles (757-810) à ne pas confondre avec une autre Gisèle dont l’existence est mise en doute par les historiens. C’est cette dernière qui fait l’objet de cet article, mais c’est sous le nom légendaire d’Isbergue qu’elle est connue.

—§§§—

Si vous êtes en promenade dans les hauts-de-France, allez visiter la collégiale saint Pierre  d’Aire-sur-la-Lys. Vous découvrirez ce très grand tableau (Huile sur toile) intitulé « Charlemagne rendant visite à sa sœur Isbergue ». (Peintre Charles Demory.(1833-1895)).

Charlemagne rendant visite à Ste Isbergues - Copie Compressée

Bizarre, le nom d’Isbergue ne figure pas dans la descendance de Pépin-le-Bref et de son épouse Berthe ! Charlemagne n’a pas de sœur nommée Isbergue. Essayons d’y voir plus clair.

L’idée m’est venue d’écrire cet article qui commence par un avant-propos remémorant  quelques notions.

1er Faisons fonctionner la machine à remonter le temps.

À une époque très lointaine notre région, ainsi d’ailleurs qu’une grande partie de l’Europe actuelle est devenue le terminus du long parcours  des hommes du Néolithique. Ils étaient partis du « croissant fertile », (Mésopotamie-Assyrie-Phénicie-Judée-Basse et Haute Égypte), dès la fin de la dernière glaciation c’est-à-dire vers 10 000 ans avant JC pour arriver dans notre Europe occidentale en deux vagues distinctes. L’une contournant la méditerranée par le sud, l’autre par le Nord. Les deux migrations se joignant en France vers 4700 avant J.C. -      .

Ils n’étaient plus des chasseurs-cueilleurs mais des agriculteurs-éleveurs. Ce sont eux qui inventèrent, entre-autre, l’agriculture.

 Pendant leur migration qui dura plus de 5000 ans la recherche d’eau pour leurs cultures et leur bétail devint une nécessité absolue. On peut supposer que permis eux se trouvaient ceux que l’on nomme de nos jours des sourciers. Cette  capacité à découvrir la présence d’eau dans le sol leur a révélé également la présence de courants telluriques (réseaux de courants générés par la rotation relative des manteaux de la terre par rapport au noyau de celle-ci). Les courants (Hartmann et Curry) tels que les géobiologues  les nomment, leurs sont apparus comme  néfastes à la pousse des plantations, à leurs campements, et même à leur organisme.

On ne sait comment leur est venue l’idée de dresser des pierres (menhirs) pour dévier, atténuer ces courants et également de  disperser les courants cosmiques vers le sol.

 Ils se sont aperçus également que la proximité d’un menhir près d’une source donnait à celle-ci des pouvoirs de guérison. Ils ont donc dressé ces menhirs au point de croisement des courants hydrauliques avec les courants Telluriques.

En cours de physique on nous enseigne (enseignait) le « pouvoir des pointes ». Le sommet de la plupart des menhirs est pointu ou possède un angle aigu  favorisant la décharge des courants cosmiques.

Pouvoir des pointes

Source  https://www.ateliers-habitatvivant.fr/geobiologie-sacree/les-menhirs-et-les-dolmens.html

Après ces hommes du Néolithique, ce furent les peuplades Celtes indo-européennes qui migrèrent vers L’Irlande, la France et l’Espagne aux environs de 1200 avant JC.

Ces derniers connaissaient, ou ont découvert également, ces courants souterrains qu’ils assimilaient à des serpents et parfois même à des anguilles. Un nom leur a été donné : La Vouivre (ou Wouivre)….

Ils intégrèrent ces croyances dans leurs cultes druidiques.

Puis vint la christianisation laborieuse de l’ex-empire Romain, beaucoup continuaient à se rendre sur les lieux que l’on désigne de Celtiques, menhirs et dolmens, pour célébrer les cultes païens. Mais également pour quelques guérisons.

Les pères de l’église lors du concile de Carthage en juin de l’an 401 ordonnèrent la destruction des idoles et interdirent les fêtes païennes.

Beaucoup de mégalithes furent détruits, mais rapidement il leur est apparu plus sage  de Christianiser ces lieux de culte.

Les oratoires, chapelles, églises, cathédrales furent construits sur les emplacements de mégalithes, de sources, de rivières souterraines pour récupérer ces miracles, ces guérisons, cette fertilité  en les attribuant à des Saints.

Mais il n’y a pas (ou plus) de menhir à Isbergues.  

 2ème : La légende de Ste Isbergue.

Après cet avant-propos, assez long, venons-en à la légende de Ste Isbergue.

D’abord précisons qu’Aire-sur-la Lys (Pas-de-Calais) se trouve à un peu moins de 5 km de la ville d’Isbergues. (Isbergue sans S final c’est la Sainte, la ville est Isbergues avec la lettre S finale).

Le nom d’Isbergues viendrait du Flamand ou du langage Tudesque   signifiant  « colline des Ifs ». C’est sur cette colline qu’est née la légende d’Isbergue. Ceux qui connaissent quelques mots des langues germaniques savent que « berg » signifie « montagne mais aussi colline».

Mais on cite une autre origine à cette ville. Ce serait Pépin le Bref qui ayant choisi Aire comme résidence royale fit construire une église et un cloitre en l’honneur de St Pierre sur la colline voisine. Le village aurait pris le nom de Peetersberg (Pierre de la montagne) qui devint par la suite Isbergues.

À une époque sans doute bien avant le VIII ème siècle les villageois  se rendaient à la source qui se trouvait sur cette colline  pour faire des ablutions qui guérissait les maladies de peau ou ophtalmiques.

 Bien entendu ces croyances païennes n’étaient pas du goût de l’église. Il fallait y remédier. Vous trouverez ci-dessous la légende du XVème siècle ayant pour but de christianiser cette source miraculeuse (On la trouve dans les mêmes termes dans plusieurs sites sur internet)

Plutôt que de la réécrire je vous en fais une copie que l’on trouve sur le site de la Mairie d’ Isbergues

 https://www.ville-isbergues.fr/spip.php?rubrique112

« Fille de Pépin le Bref et de Berthe aux grands pieds, qui siégeait à Aire sur Lys, Gisèle ou Isbergue, avait pris St Venant comme confesseur et guide spirituel. Ils se rencontraient régulièrement près de la fontaine Ste Isbergue (à quelques minutes de l’église où reposent les restes de Ste Isbergue, par la « voyette » Ste Isbergue) afin d’échanger leurs réflexions sur les textes sacrés.

Pépin le Bref avait décidé de fiancer sa fille à un prince d’Écosse, très amoureux d’elle, mais celle-ci, sur les conseils de St Venant, ne désirait pas se marier. Elle pria donc de toutes ses forces, afin que le seigneur éloigne à tout jamais tous les prétendants et empêche cette union.

Ste Isbergue se vit alors, du jour au lendemain, défigurée par une lèpre hideuse. Le prince d’Écosse, irrité par son échec auprès de la jeune fille, donna l’ordre à ses serviteurs d’exécuter St Venant. L’ermite eut la tête tranchée en 766 et on jeta son corps dans la Lys.

Afin de guérir Ste Isbergue, un médecin conseilla à Pépin le Bref de faire boire à sa fille une mixture composée d’un tiers de jus d’anguille, d’un tiers de vinaigre et d’un tiers de miel. Mais, rien n’y fit. Ste Isbergue, pendant ses prières, vit apparaître un ange qui lui dit qu’elle sera délivrée de sa maladie dès qu’elle aura consommé le premier poisson pêché dans la Lys. Le roi ordonna immédiatement à ses hommes les plus sûrs de ramener la première anguille pêchée.

Malheureusement, ils rentrèrent tous bredouilles. Les pêcheurs conseillèrent d’attendre la prochaine lune, car les eaux seraient alors plus poissonneuses. Dès la levée de l’astre, ils trouvèrent dans un amoncellement de branchages dans les courants de la Lys, un cadavre sans tête sur lequel était posée une anguille. Ils la prirent et la rapportèrent au roi.

Ste Isbergue fut guérie comme l’avait prédit l’ange…………

Le corps du cadavre fut identifié par une vieille dame, devenue aveugle, qui avait soignée la jambe de St Venant et reconnu, en palpant, la cicatrice de l’officier. C’était le corps sans tête de St Venant…….

La vieille dame recouvra la vue et le corps de St Venant fut transporté et vénéré en l’église « St Pierre sur la Montagne ».

Ste Isbergue se retira dans un monastère jusqu’à la fin de sa vie. On l’enterra en 808 près de St Venant…

 Saint Venant ayant été assassiné pour avoir soutenu sainte Gisèle, elle se construisit un ermitage sur le lieu de sa mort, à Aire-sur-la-Lys, dans le nord-Pas-de-Calais. Elle y passa les trente dernières années de sa vie. ».

Commentaires :

Bien entendu ce n’est qu’une légende, mais son coté merveilleux, (ou religieux) en citant des personnages et des sites connus font que la légende est souvent prise pour une histoire vraie.

Cette légende aurait été créée au XV ème siècle soit 7 siècles après sa prétendue histoire. Les personnages ont existé, bien entendu, mais Pépin le bref possédait-il une demeure royale à Aire ? Et comment le nom de sa fille Gisèle est-il devenu légendaire sous le nom d’Isbergue ?.

En fait il s’agissait, dirait t’on maintenant d’une usurpation d’identité ! Gisèle était bien la fille de Pépin le bref.  Les Hagiographes ont su triturer le nom de Gisèle en le transformant en Isbergue de façon à lui donner un semblant d’authenticité.

 Il est écrit que les pèlerins qui se rendaient à la source se trouvant à Peeterberg (ancien nom du village d’Isbergues) espéraient une guérison à la « montagne de Giselle »  encore dite Giselberg ou Gisle-berg puis Isleberg pour finir en Isbergue.

3ème : Gisèle la fille de Pépin-le-bref.

La « vraie » Gisèle dès l’âge 10  ans avait été promise en mariage à  Léon âgé de 18 ans  fils de l’empereur Constantin. Pépin son père avait refusé d’accéder à cette demande.

En 770 la Reine Berthe (l’épouse de Pépin) de passage à Rome voulu marier Gisèle à Adalgise fils du Lombard Didier mais le Pape Etienne III s’y opposa prétextant le tort  que ferait cette alliance au Saint Siège et à l’église.

Peu de temps après, dégoutée du monde, Giselle se retira dans un monastère à Chelles. Elle avait quatorze ou quinze ans lorsqu’elle y entra et selon le témoignage d’ Eginhard, vouée dès son plus jeune âge à la vie monastique. Lorsqu’elle fût gravement malade Charlemagne lui rendit visite dans son monastère de Chelles. Elle y mourut peu de temps avant son frère Charlemagne (810) :

 

 source https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56122498/f9.item.r=sainte%20Isbergue

Livre à découvrir si vous en avez le temps.

Source Google Books

Reconstitution du dortoir de l’abbaye de Chelles (Région Parisienne). Ci dessous:

Monastère de Chelles

Source Wikimédia : Cet édifice est répertorié dans la base Mérimée, base de données sur le patrimoine architectural français du ministère de la Culture, sous la référence PA00086886

4ème : Réflexions.

-Nous venons de découvrir deux récits dont l’un est une légende et l’autre plus proche d’une réalité historique. L’église et des pseudo-historiens ont tout fait pour inventer une légende concernant une source guérisseuse du paganisme en une source miraculeuse révélée par un ange et en sanctifiant un avatar d’une princesse royale. Une récupération d’un symbole Celtique a même eut lieu. Il s’agit de l’anguille.

 Voir ci-dessous un extrait de la thèse de Grandchamp-Renard Gwenaëlle . École Nationale vétérinaire de LYON  « Le symbolisme animal chez les Celtes »

« Malgré son image négative, l’anguille est aussi retrouvée comme gardien des sources sacrées (comme les serpents gardiens). Par exemple, les pèlerins qui se rendaient à la source sacrée Tober Monachan dans le comté de Kerry savaient leurs prières entendues par les dieux s’ils voyaient un saumon et une anguille dans l’eau de la source ».  

Un peintre Charles Demory.(1833-1895) du 19ème siècle a même interprété la rencontre de Charlemagne avec sa sœur Gisèle à Chelles  en une visite avec Isbergue (sa pseudo sœur) à Aire. Mais son tableau était sans doute une commande pour mettre en valeur la collégiale d’Aire-sur-la-lys.Voir le tableau en début de cet article.

Une image pieuse de St Isbergue a été imprimée à une époque.

Sainte_Isbergue - Copie

Source : https://gw.geneanet.org/icaunaise?f=legende&lang=fr&m=NOTES

En zoomant le bas de l’image on aperçoit une anguille.

Sainte_Isbergue -anguille

 

Revenons à la ville d’Isbergues, une chapelle a été construite à proximité de la source guérisseuse.

Sainte_Isbergues la chapelle

-Source de la photo

https://fr.wikipedia.org/wiki/Isbergues

This file is licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license.

Les pierres des murs extérieurs sont intégralement couvertes d’Ex-voto remerciant Ste Isbergue pour la guérison.

En se rendant derrière la chapelle on découvre la source d’où coule un mince filet d’eau . Ne pas boire l’eau du bassin.

Sainte_Isbergues la source

Source Photo :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Isbergues

This file is licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license.

Comment espérer une guérison ?

Les gens recueillent un peu d’eau dans un récipient « noble », pas de plastique, la boive puis remonte dans la chapelle et se positionnent sur le carré confectionné de demi-dalles noires à l’entrée de la chapelle en récitant une prière pour guérir leurs maux.

Sans titre 1

Carré bénéfique après avoir bu eau de la source

Ces deux photos sont extraites d’un reportage en vidéo-live sur Youtube de M. Bertrand Bosio  de l’entreprise Nord-Fantastique.

https://www.facebook.com/lescontesfantastiques/videos/201497351475036

M. Bosio convient que ces dalles noires sont sans doute positionnées à l’emplacement de ce que les géobiologues considèrent comme des cheminées cosmo-telluriques. C’est pour cette raison que j’ai développé longuement le premier paragraphe de cet article (Faisons fonctionner la machine à remonter le temps).

À bientôt pour d’autres légendes.

 

 

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